52,6kg de cocaïne volée, un brigadier des stups mis en examen!
Jonathan G., le brigadier des stups de 34ans soupçonné du vol de 52,6kg de cocaïne dans la nuit du 24 au 25 juillet 2014, quai des Orfèvres, a été mis en examen Mercredi 6 Août pou r"Détournement ou soustraction de biens par une personne dépositaire de l'autorité publique", "transport, détention, offre, cession de stupéfiants" et "blanchiment de trafic de stupéfiants en bande organisée".
Il a été incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis dans la nuit.
Un de ses collègues de la brigade des stupéfiants parisienne, dont le nom apparaissait sur une comptabilité retrouvée au domicile de Jonathan G., a, lui, été placé sous le régime de témoin assisté, un statut intermédiaire entre celui de témoin et celui de mis en examen.
Un suspect peu loquace
Les quatre-vingt-seize heures de garde à vue de Jonathan G. n'ont pas permis aux enquêteurs de l'Inspection générale de la police (IGPN) de progresser de façon spectaculaire dans leurs investigations, tant le brigadier est au fait de la procédure et s'est montré peu coopératif. A ses collègues policiers, il a ainsi répété qu'il ne dirait rien durant sa garde à vue et réservait ses déclarations au juge. Il a également refusé de se soumettre à un test de dépistage de consommation de stupéfiants.
« Il connaît suffisamment bien le métier pour savoir qu'il vaut mieux se taire en garde à vue, résume une source policière. Il ne nie pas vraiment, mais ne dit pas que c'est lui. » Menace réelle ou simple stratégie de défense ? Le brigadier a prévenu les enquêteurs durant sa garde à vue dans les locaux de l'IGPN qu'il ne tomberait « pas seul ».
Si le principal suspect de cette retentissante affaire qui fait trembler les murs du « 36 » s'est montré peu loquace, les deux juges chargés de l'instruction ont estimé disposer de suffisamment d'indices graves et concordants pour le mettre en examen. Tout d'abord, une gardienne de la paix dit l'avoir vu entrer et sortir du siège de la PJ parisienne dans la soirée du 24 juillet avec deux gros sacs. Plusieurs de ses collègues l'ont ensuite reconnu sur les enregistrements de la vidéosurveillance à l'entrée du bâtiment.
Sept chambres de bonne et studios à Perpignan
Enfin, son téléphone a « borné » sur les lieux ce soir-là, avant de cesser d'émettre au moment présumé du vol, puis de « borner » de nouveau. Lors de son interpellation à Perpignan tandis qu'il faisait ses courses en famille, les policiers ont trouvé 16 000 euros en liquide dans son sac à dos. Les perquisitions menées à son domicile parisien ont ensuite permis de découvrir 8 790 euros en liquide et la fameuse « comptabilité » dans laquelle il consignait ses mouvements d'argent. Lui affirme que ces sommes proviennent de ses gains à des jeux en ligne. Son compte en banque est par ailleurs doté de près de 50 000 euros.
Le groupe d'intervention régional de Paris, spécialisé dans la lutte contre l'économie souterraine et l'évaluation de patrimoine, a été cosaisi de l'enquête. Il s'intéresse de très près aux sept chambres de bonne et studios que le brigadier possède à Perpignan et qui motivent le chef de « blanchiment » retenu contre lui.
Selon une source proche de l'enquête, ni ses revenus ni ceux de sa femme ne justifient ces acquisitions. Une autre source policière précise néanmoins que leur valeur n'a « rien de démesuré », et qu'il les a achetées « en association et en contractant des emprunts ».
Pourquoi a-t-il pris autant de risques?
Depuis la découverte du vol, le 31 juillet, les enquêteurs de l'IGPN consacrent l'essentiel de leur énergie à retrouver la trace du demi-quintal de cocaïne, dont la valeur est estimée à 2 millions d'euros. Des recherches qui réservent parfois quelques surprises. Lors de la fouille d'un box de parking « connecté » au suspect qui n'a rien donné, mercredi matin, le chien détecteur est soudain tombé en arrêt, la truffe frétillante, devant le box voisin.
« En l'ouvrant, les policiers ont découvert un utilitaire Kangoo rempli de 200 kilos de résine de cannabis », raconte une source policière. Si l'implication du brigadier dans le vol ne fait plus guère de doute aux yeux des enquêteurs, son mode opératoire ne laisse d'intriguer les habitués du « 36 ». « Pourquoi a-t-il pris autant de risques pour sortir 50 kilos de coke, sachant qu'il y avait un planton et des caméras ? » s'interroge un haut gradé de la PJ.
« Soit c'est de l'inconscience, soit il a agi sous pression. » Jonathan G. avait-il promis la marchandise à un tiers ? A-t-il fait le pari de retrouver le fruit de son vol à sa sortie de prison ? Les investigations sur ses éventuelles complicités au sein de la PJ parisienne et ses relations avec les réseaux de trafiquants apporteront sans doute les premiers éléments de réponses.
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